Saint-Cyprien, Minorque et retour  
journal de bord de "Pampero"  du 4 au 17 août 2001 
Évidemment, il ne s'agit pas ici de navigation extrême, genre "vendée-globe". Mais même si ce genre de navigation peut paraître plus proche des "bidochons font de la voile" que des exploits de nos grands solitaires, une croisière hauturière en famille demeure pour le plaisancier lambda que je suis une petite aventure... Et en plein mois d'août, à deux pas des plages surchargées , il est même possible de se sentir seul ! 

 
 

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Jour 1:  St Cyprien - Llansa  - 17.5 miles 
Quinze heures, inventaire terminé, vivres embarqués, nous quittons enfin Saint-Cyprien direction le cap Creus (après on verra...). La  météo ne s'est pas trompée, nous faisons nos premiers miles avec un vent de secteur Nord d'environ quinze à vingt noeuds et une mer belle. Tout va bien. Notre optimisme ne va toutefois pas durer très longtemps: aux abords du cap Béart, alors que nous notons un net fraîchissement, le Cross-med lance un "avis de grand frais" valide jusqu'au lendemain. Vive la Méditerranée et ses surprises météo !  Rapidement le vent fraîchit encore et la mer se forme, heureusement nous l'avons dans les fesses ! (Le GPS indique 12 noeuds dans les surfs... sensations garanties!). Trop peu amarinés pour le passage du cap Creus dans ces conditions, nous nous décidons de nous réfugier à Llansa pour attendre le passage du coup de vent. Accueil du port glacial: "pas de place... allez voir ailleurs...".  Nous discutons avec des plaisanciers français qui sont à couple avec les chalutiers: demain c'est dimanche, et  les pêcheurs catalans ne sortent pas en mer, nous pouvons donc rester là pour la nuit car de toute façon, il n'y a pas plus de place au port voisin de Puerto de la Selva (ils en viennent), et comme le signalent les guides, le mouillage dans l'avant-port est très risqué avec ce vent.
Puerto de Llansa: Nous ne sommes pas les seuls bateaux français à couple avec les chalutiers. Jour 2: Puerto de Llansa 
La tramontane souffle avec des pointes à trente cinq noeuds dans le port... Qu'est-ce que ça doit être au cap! Du promontoire rocheux qui domine le port et offre un large panorama sur la baie, il est impossible d'apercevoir la moindre embarcation. Même nos voisins, des toulousains qui remontent de Minorque et reprennent le boulot demain, attendent. Il nous revient en mémoire trois jours passés à San-Feliu dans les mêmes conditions il y a quelques années... 
Llansa n'offre que peu d'attraits touristiques, et nous avons hâte de continuer. La météo nous a promis "mollissant en soirée". Premier bain dans l'avant-port et bricolage à bord: j'ai repéré deux coulisseaux de grand voile cassés... bricolage de fortune à base de ficelle, en attendant mieux... En soirée le vent tombe enfin, ce coup-ci la météo a prévu juste. 
le jour se lève à peine, je suis déja debout... Jour 3 Llansa -Estartit 27.3 miles 
Vers minuit ça commence à s'agiter du côté des pêcheurs...  Tout compte fait il vaut mieux y aller maintenant  qu'attendre d'être tirés des couchettes. D'autant plus que le clair de lune est magnifique, et que la méchante tramontane s'est changée en petite brise. Nous passons le cap Creus avec peu de vent et une belle houle résiduelle. Puis cap au 200 pour trois heures de navigation de rêve au large du Creus, puis de la baie de Rosas, au portant, et sous la bienveillance de la lune. Dans ces conditions le passage à terre des îles Medes ne pose aucun problème, pas plus que l'entrée dans le port d'Estartit, où malgré les cinq heures du matin, quelqu'un est là pour nous guider jusqu'à une place libre face au bar du club nautique. Après l'accueil glacial de Llansa, on est plutôt content de tant d'attentions!  Nous déchanterons un peu le lendemain, car même arrivés à cinq heures il nous faudra payer la nuit complète. Quelques 11000 pesetas (450F) pour rester là jusqu'au lendemain matin… Ceci dit, Estartit est quand-même un endroit bien plus sympathique que LLansa, face aux magnifiques îles Medes, paradis des plongeurs. A cette époque de l'année, la ville grouille de touristes de toutes nationalités, mais en s'écartant des quais et des ruelles commerçantes il est néanmoins possible de trouver des restaurants sympa. 

 

Cap 160. Après une nuit mouvementée, la fatigue se lit sur les visages... 
Baignade au large avant l'arrivée à Fornells... le grand bleu!

jour 4/5: Estartit-Fornells 128 miles 
Départ 10h. La météo espagnole, nous annonçait un vent modéré de secteur Nord, et pourtant dès le passage du cap Bagur le vent tourne au secteur Sud, en fraîchissant graduellement. Au près serré nous faisons route trop à L'Est, mais ça n'est pas grave, ça va tourner... ils ont dit secteur Nord, et pour le moment le vent reste modéré et la mer belle. 
Début de soirée :  Nous avons changé d'amure mais cette fois nous faisons route trop à l'Ouest... bref le vent est dans la route, et a fraîchit graduellement, tant et si bien que la mer devient franchement agitée... d'autant plus fâcheux, que face à la mer il faut pousser au moteur pour avancer un peu, car le bateau tape beaucoup et casse son erre sur chaque vague. Que la nuit semble longue avec cette sensation de ne pas avancer (le temps estimé jusqu'à l'arrivée ne cesse de croître sur l'écran du GPS... redoutable pour le moral...). Le vent tombe en deuxième moitié de nuit, mais la mer reste formée. La dérive due au vagues et au courant est étonnement importante, heureusement qu'il y a le GPS car avec une telle dérive nous aurions très bien pu rater Minorque... 
Au matin il faut encore tirer des bords avant d'apercevoir enfin la terre...  
En tout et pour tout et depuis le coucher du soleil nous n'aurons aperçu qu'un voilier faisant route inverse, et un cargo faisant route à l'Ouest... Quand on songe on nombre de bateaux de plaisance qu'il y a dans les ports, ça laisse rêveur !!! 
Vers midi la chaleur commence a être accablante... Nous mettons en panne pour une baignade autour du bateau. Arrivée dans la baie de Fornells vers 14h... Malgré les nombreuses constructions récentes qui bordent la baie l'endroit a gardé beaucoup de charme avec ses faux airs de village Nord-Africain. Le revers de la médaille est que l'endroit est franchement surchargé à cette période... et le mouillage face au port très précaire avec des fonds d'herbe. Heureusement il n'y a plus de vent, et la clarté des fonds permet de vérifier la position de l'ancre.  Après une petite sieste nous gonflons l'annexe, dont le moteur est le apprécié car nous sommes assez loin du quai. Les calamars à la plancha seront les bienvenus !
la passe de Fornells, vue du mouillage Fornells garde bcp de charme malgré les constructions récentesLe mouillage, très encombré au mois d'août

 
 

le mouillage de cala Algayarens

jour 6: Fornells- Ciudadela - 25.8 miles 
Le vent soufflant de l'Est nous changeons les plans et partons vers l'Ouest.  A mi-journée nous faisons escale à "cala Algayarens"; il y a là une douzaine de bateaux au mouillage et l'endroit est extrêmement séduisant, avec son eau bleu turquoise et les fonds de sable blanc... C'est Minorque des guides touristiques et des cartes postales. Après le repas et une longue baignade nous reprenons la mer car il nous faut du carburant et de l'eau. Quand  nous arrivons à Ciudadela, le port est déjà saturé: les bateaux sont rangés par trois le long du quai, et comme il faut laisser un passage pour le ferry dans ce chenal étroit, le port ne tolère pas plus de trois bateaux à couple. Après le plein nous ressortons du port et trouvons un refuge pour la nuit dans l'entrée de la petite cale située a quelques centaines de mètres au sud de la sortie du port. La météo annonce du vent fort pour la nuit, et par mesure de sécurité nous tirons un bout à terre, comme l'ont fait nos prédécesseurs en majorité français:  Les fonds  de sable ont beau être de bonne tenue, on ne sait jamais... 
Bleu des mers du sud... Cala Algayarens, la plage...Ciudadela, le mouillage à quelques encablures au sud de l'entrée du port.Un bout à terre, pour plus de sureté...Le mouillage est bien abrité des vents de secteur Nord.
Jour 7 Ciudadela - Cala Santandria 1.2 miles 
La matinée est consacrée au ravitaillement, et à une visite de la ville dont le centre historique a beaucoup de charme avec ses petites ruelles typiques. Surprise, malgré l'eau limpide du mouillage, la plage qui marque le bout de la cale,  500m à l'intérieur des terres est fermée pour raisons sanitaires: une frange visqueuse et nauséabonde borde la plage... Il semble que les stations d'épuration ne se soient pas encore généralisées à Minorque...  
Nous reprenons la mer, et à seulement 1 mile au sud de la ville,  Cala Santandria nous parait un endroit suffisamment accueillant... Certes, il y a déjà pas mal de monde au mouillage, mais il y a de la place. Le mouillage est sain par fond de sable de 5 à 6 mètres, et si nous tirons un bout a terre c'est juste pour empêcher l'évitage et nous ranger perpendiculairement au rocher comme l'ont fait avant nous nos voisins. Le reste de la journée sera bien sûr consacré au farniente et à la baignade (que faire de mieux avec cette chaleur ?).
Cala Santandria, un mouillage calme à  moins de 2miles au sud de Ciudadela Cala Santandria s'enfonce assez profondément à l'intérieur des terres.
Suite...
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